L’avocate du rebelle burkinabè Amadé Ouérémi a fait un plaidoyer unique lors de la fin du procès de ce dernier à Abidjan. Poursuivi pour meurtres de masse, Amadé Ouérémi risque la prison à vie. Son avocate qui reconnait un « génocide » revient sur un procès qui ne permet pas encore de connaitre les commanditaires des tueries des Guéré les 28 et 29 mars 2011 à Duékoué, dans l’ouest ivoirien.
L’avocat d’Amadé Ouérémi, le supplétif des rebelles ivoiriens qui ont commis des tueries de masses dans la ville de Duékoué, a reconnu qu’une extermination ethnique de masse et ciblée a eu lieu les 28 et 29 mars 2011.
« Il y a bel et bien eu génocide à Duékoué. J’en suis désolée. Toutes les victimes qui ont défilé ici en ont marre, elles pleurent. Toutes ces victimes ont besoin de justice« , a reconnu l’avocate Me Rosine Aka.
Cependant, elle a plaidé afin que « les responsables de la rébellion et les commanditaires tapis dans l’ombre » soient dénichés. Parce que selon elle, un génocide est « le fait de multitudes de personnes », Amadé Ouérémi, son client, n’ayant pas pu commettre seul toutes ces atrocités alléguées.
Pour Me Rosine Aka, « Cette affaire doit être traitée à la racine, pour connaître les tenants et les aboutissants« . L’avocate veut comprendre comment Amadé Ouérémi qui était un mécanicien de vélo et ensuite agriculteur, va devenir un seigneur de guerre.
Elle explique donc que « Dans cette rébellion armée avec des armes lourdes, il sera approché par des chefs de guerre qui l’ont rassuré, l’ont mis en confiance. Il s’est associé à une armée de rebelles qui s’est installée dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire ».
Comment Amadé Ouérémi a eu « des tenues militaires et des armes, alors qu’il n’était pas militaire, à l’origine », questionne l’avocate. Présentant une photo lors de l’audience, elle a demandé que faisait le chef rebelle Losséni Fofana avec Amadé Ouérémi à l’époque.
« Dans ces photos que voici, que fait Amadé en tenue militaire aux côtés du commandant Losséni Fofana dit Loss ? Où a-t-il eu ses éléments militaires ? Où a-t-il eu ses armes. A-t-on montré des reçus de paiement de ces armes ? Amadé et ses prétendus hommes avaient des armes plus fortes que celles de l’armée de Côte d’Ivoire« , s’interroge Maitre Rosine Aka.
L’avocate Amadé Ouérémi a plaidé enfin des circonstances atténuantes pour son client, qui a été « trompé et instrumentalisé ». Pour elle, sa religion est faite: « Amadé était bel et bien un élément de l’armée de Côte d’Ivoire. Amadé Ouérémi recevait bel et bien des ordres, des instructions ».
SOURCE : AFRIKMAG