L’adoption par les Nations Unies le 10 décembre 1948 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, constitue un tournant décisif de l’évolution de la conscience humaine.
Les organisations de défense des droits humains saluent les efforts fournis par les autorités de la transition dans le cadre de l’organisation du procès dans l’affaire des massacres du 28 septembre 2009. A cet effet, elles réitèrent leurs engagements de continuer à travailler aux côtés des autorités pour soutenir leurs efforts dans le cadre d’une bonne administration de la justice pour les victimes.
Cependant, la célébration du 75ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en Guinée, intervient d’une part dans un contexte d’incompréhensions entre les autorités de la transition et une marge importante des acteurs et actrices socio-politiques sur la conduite de la transition politique en cours, et d’autre part dans un climat d’insécurité croissante et de restriction de l’espace civique, plus particulièrement de violations des libertés de manifestation, d’information et d’expression se traduisant par l’interdiction systématique de manifestations pacifiques, le brouillage des ondes de certaines radios privées et la restriction de l’accès aux réseaux sociaux sur l’Internet.
Face à toutes ces situations qui ont des conséquences graves sur la vie quotidienne des populations guinéennes, nos organisations expriment toutes leurs préoccupations et rappellent que notre pays, la République de Guinée est partie aux principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme qui consacrent tous la promotion et la protection des libertés et droits fondamentaux des citoyens et citoyennes.
C’est pourquoi, nous, membres des organisations de défense des droits humains, conscients des enjeux et défis majeurs auxquels nous faisons face,
Interpellons :
1. Le Président de la République, garant de la Charte de la transition, de la paix et de la cohésion nationale, afin qu’il :
– veille au respect des droits et libertés protégés par la Charte de la transition ;
– garantisse la liberté de la presse, gage de l’état de droit et démocratique ;
– s’implique personnellement pour l’instauration d’un cadre de dialogue inclusif entre les autorités de la transition et les acteurs et actrices sociaux politiques ;
2. Le Gouvernement en lui demandant de :
– Faire une déclaration solennelle pour son engagement pour le respect des droits de l’Homme, des libertés fondamentales et à lutter contre l’impunité en République de Guinée ;
– Poursuivre rigoureusement la réforme des forces de défense et de sécurité avec une emphase sur le respect des droits de l’homme ;
– Respecter le principe de l’indépendance et de la souveraineté du pouvoir judiciaire ;
– Prendre des mesures efficaces et urgentes pour la sécurisation des personnes et de leurs biens ;
– Ratifier la Convention des Nations Unies contre les disparitions forcées ;
– Gréer une structure de contrôle du respect des droits de l’Homme avec possibilité de sanctions de tout individu civil ou forces de défense et de sécurité (FDS) qui violerait les droits de l’Homme et la meubler de personnes au fait des droits de l’Homme et respectueuses de ces droits ;
– Présenter les rapports en retard sur les droits de l’Homme et les libertés fondamentales en Guinée aux mécanismes africains et onusiens de protection des droits de l’homme ;
– Respecter ses engagements par rapport à la protection des défenseur-e-s des droits de l’Homme, en adoptant une loi portant promotion et protection des droits des défenseur-e-s des droits de l’Homme, conformément aux principes de la Déclaration des Nations Unies du 10 décembre 1998, des déclarations de Grande Baie et de Kigali de l’Union Africaine ;
– Engager une lutte sans merci contre l’impunité qui est le terreau des violations des droits de l’Homme et particulièrement dans le cas des violences basées sur le genre qui sévissent de manière notoire en Guinée ;
– De poursuivre le présumé auteur du meurtre odieux de la jeune A.T, torturée et assassinée dans un complexe scolaire à Dubreka, ainsi que tous les autres présumés auteurs des violences sexuelles dénoncées, en assurant le suivi de l’exécution effective de leurs peines ;
– Poursuivre le processus de mise en œuvre des recommandations issues des Assises nationales pour la réconciliation en Guinée, particulièrement l’instauration d’une Commission « Vérité, justice et réconciliation » ;
3. Le ministre de la justice et des droits de l’homme afin qu’il Veille à l’accélération des procédures judiciaires pendantes devant les juridictions nationales portant sur les crimes de sang (ou atteintes au droit à la vie et à l’intégrité physique) et crimes économiques.
Conakry le 9 décembre 2023