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Saturday 23 November 2024

Boubacar Sylla (Forum civil citoyen) : « On n’a pas une cour constitutionnelle, on a une basse cour… »

Dans l’attente des résultats définitifs de la présidentielle du 18 octobre, Boubacar Sylla, le Président du Forum civil citoyen, une plateforme de la société civile guinéenne membre du FNDC, sort du mutisme. Dans un entretien avec Lolaplus,  il nous fait part  de son analyse sur la crise sociopolitique que traverse la Guinée depuis quelques années.

Lolaplus : Cela fait très longtemps qu’on ne vous entend pas sur la situation politique du pays. Qu’est-ce qui explique ce silence ?

Boubacar SYLLA : Oui, c’est peut-être vrai. Sauf que pendant ce temps, on est en train de travailler en profondeur dans certaines communautés de notre pays pour accompagner le développement immensurable. Cela, en tant que président d’une autre organisation locale qu’on appelle le Club des Amis du Monde. Sur la balance nationale, on est toujours membre du FNDC. On paraît silencieux, mais on est en train de travailler en profondeur sur certains aspects de notre pays.

Alors, quelle lecture faites-vous de la situation sociopolitique de notre pays ?

C’est une situation un peu désastreuse. Si on ne respecte pas un peuple, si on ne se respecte pas entre nous, ce n’est qu’un tel résultat qu’on peut présenter. Tout le processus électoral a été piégé. A tout moment, il a fallu que le président de la République mette sa main dedans. Sa présence a été visible sur tout le processus électoral. Si aujourd’hui nous aboutissons à cette situation, c’est parce qu’Alpha a été le promoteur de tout le processus. Pour moi, il ne faut pas passer par quatre chemins, le président actuel est le responsable de la situation sociopolitique que les Guinéens sont en train de vivre.

Qu’en est-il des partis politiques membres du FNDC qui ont pris part à cette élection ?  Quelle serait leur responsabilité dans cette situation ?

Au sein du FNDC, on ne juge pas les engagements des parties prenantes. Par exemple ma structure peut décider autre chose qui ne reflète pas la vision du FNDC. On a le choix libre. Les partis sont donc libres d’aller là où ils veulent. Si le PADES, l’UFDG et autres ont décidé ainsi, cela dépend de leur engagement. Mais une chose reste est clair : au FNDC, on a dit qu’on ne reconnaît pas la nouvelle constitution et qu’on ne reconnaît pas non plus la candidature d’Alpha CONDE. Il faudrait que l’on soit cohérent. Tout parti politique a le droit de participer à une élection. Pour sa part, le FNDC soutiendra tout ce qui est légal et qui peut faire partir Alpha CONDE…

Qu’est-ce que vous pensez de la Cour constitutionnelle ?  Pensez-vous qu’elle soit à mesure de rendre un arrêt qui puisse désamorcer la crise post-électorale ?  

Je pense que la cour ne dira pas le contraire de ce qui est déjà dit par la CENI. On n’a pas une cour constitutionnelle, on a une basse cour au solde d’Alpha CONDE. Demandez ! Le Président feu Kelefa SALL, pensez-vous que si c’est lui était là aujourd’hui qu’il validerait  ces conneries ? Je dirais non. Ils ont tout fait pour maintenir une soi-disant cour constitutionnelle qui est au solde et au gré du vent de Sékhoutoureah, pilotée et soufflée par Alpha CONDE. Comment la CENI peut proclamer les résultats et dire que tel est élu dès le premier tour ? Est-ce que c’est son rôle ? Ces résultats devraient être invalidés parce qu’il n’y a aucune cohérence dans les données fournies par cette CENI manipulée.

Quel est votre message aux Guinéens suite aux violences post-scrutin qui ont déjà fait une trentaine de morts dans le pays ?

L’injustice crée la violence, et la violence crée des haines. Il faut que le gouvernement, arrête maintenant de jouer avec la vie des citoyens désarmés. Aujourd’hui, rien ne sert à continuer de tuer. On a tué depuis 2010, mais le peuple est toujours là. Donc ce qui est mieux pour le président CONDE, c’est de prendre le bon côté de notre histoire. Au peuple de Guinée, je dirais qu’on est une Guinée unie avant tout. Il ne faut pas que les politiques d’Alpha CONDE, ses propos ethniques tenus lors des campagnes électorales, nous divisent. Un peuple frustré est un peuple assassin.  

 Propos recueillis par  Faya M’bella LENO

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