A Boffa, les habitants des districts de Monchon et Yogoya tous relevant de la sous-préfecture de Mankountan manquent de tous ! On pourrait dire, sans le moindre risque de se tromper, qu’ils sont les plus oubliés de la République de Guinée.
A l’issue d’un entretien accordé récemment à notre correspondant sur place, les habitants de ces localités ont dévoilé leur calvaire.
De par sa position géographique, la sous-préfecture de Mankountan est située en bordure de la plaine appelée ”plaine de Monchon ” où la quasi-totalité de la population de Mankountan pratique l’agriculture et la pêche. Un véritable bijou agropastoral pour les habitants de la localité et les contrées environnantes.
Nonobstant la place prépondérante occupée par cette sous-préfecture dans le développement socio-économique de Boffa, ses districts manquent de tout.
Dans les districts de Monchon et Yogoya par exemple, les populations n’ont, ni maison de jeunesse, ni infrastructure sanitaire et scolaire digne de nom, ni piste rurale praticable. Encore pire, les citoyens guinéens qui y vivent peinent à avoir de l’eau potable.
Incroyable mais vrai, au 21 ème siècle, les populations de Monchon et Yogoya parcourent chaque jour, 2 kilomètres au moins pour s’approvisionner en eau potable. C’est du moins ce que nous a laissé entendre un des habitants de la sous-préfecture de Mankountan.
<< je vous assure qu’ici parfois, il est même difficile d’avoir l’eau pour faire l’ablution. Pour avoir un bidon d’eau, nos femmes et nos enfants parcourent 3 kilomètres pour rejoindre Yogoya pour faire la queue autour d’un puit qui est exposé aux aléas de la nature très tôt le matin pour puiser l’eau. Le puit qui est chez nous, l’eau qui s’y trouve, n’est pas buvable, il y a l’existence de sel dedans, c’est pourquoi comme nous n’avons pas de forage, on se déplace jusque-là bas >>, raconte l’imam Alhasane Soumah, un habitant de Warkouya, un autre secteur de la sous-préfecture de Mankountan.
Du côté des responsables administratifs de cette localité, c’est le même son de cloche.
<< Nous vivons très difficilement », rapporte le président du district de Yogoya, Aboubacar Jabert Bangoura.
Poursuivant, ce représentant de l’Etat a aussi ajouté ceci : « nos enfants et femmes parcourent de longues distances pour avoir de l’eau. Parfois ils sortent à l’aube et rentrent le soir. C’est vraiment difficile. Et l’eau qu’ils puisent est aussi exposée à la nature comme ça. À cela s’ajoute le problème de route. Nous demandons l’aide de l’État, de notre commune rurale et au personne de bonne volonté >>, lance-t-il.
Du fait du manque de source d’eau potable, certains habitants préfèrent s’approvisionner en eau au niveau des rivières de la sous-préfecture. Ce qui, d’après les responsables de Mankountan, est à l’origine des maladies hydriques enregistrées au sein des habitants de leur collectivité.
Un autre problème évoqué par la population de Mankountan, c’est la menace que représentent les attaques des chenilles pour les récoltes des agriculteurs. Si rien n’est fait par l’Etat à travers ses services déconcentrés, ces citoyens guinéens disent craindre le pire dans les prochains mois.
Aly Yonssiny