La sous-préfecture de Karala est l’une des 13 sous-préfectures de la préfecture de Beyla et la plus éloignée. Située à 130 kilomètres du chef-lieu de la préfecture et à la frontière guinéo-ivoirienne, la localité de Karala manque de tout. Pas d’eau potable, ni d’école, les routes dégradées mais aussi manque d’agents de santé. Pire encore, le transport des femmes enceintes se fait sur motos. Une situation que la communauté dénonce et interpelle l’autorité à y faire face.
Comme certaines localités du pays, la sous-préfecture de Karala, dans la préfecture de Beyla reconnue pour sa production agricole souffre de manque criard d’infrastructures de base. Notamment des routes, d’écoles, de forages mais surtout d’agents de santé. Un fait qui laisse la population de cette localité dans la tourmente. Selon les citoyens, transporter une femme en travail pour son accouchement, c’est prendre tous les risques car, il faut parcourir 75 à 100 kilomètres. « Même quand une femme est en travail tout de suite, on est tenu obliger de l’embarquer à moto pour parcourir des kilomètres. Il y a certaines à force de les secouer beaucoup avec l’état de la route et la distance, l’enfant meurt dans le ventre de sa maman avant d’arriver à Sinko une autre sous-préfecture. Le plus souvent, la femme aussi rejoint l’enfant. Quand une femme est en état, on la met derrière la moto on l’attache au dos du conducteur de taxi-moto », déplore Mohamed Camara père de famille.
Interrogé sur la question de manque d’agents dans sa structure, le chef du centre de santé de Karala, Dr Sagno n’a pas voulu s’exprimer là-dessus.
D’ailleurs, aujourd’hui vue la dégradation très poussée du réseau routier de cette zone, presqu’aucun véhicule ne fréquente. Et l’écoulement des produits pose problème. « On reçois un seul véhicule après chaque deux semaines. Le véhicule qui est garé devant vous là, dès qu’il quitte ici, on a encore deux semaines avant de le revoir. Même nos produits vivriers, pour les évacuer à Kankan, Sinko ou Beyla ce n’est pas possible. Moi je veux dire au président de la république ou bien au ministre qui est chargé de cette affaire de route là, que c’est la route qui fait le développement d’un pays. Ils sont là à construire des marchés dans les différentes sous-préfectures de la Guinée, mais les gens ne vont pas venir par avion pour descendre dans le marché. C’est par la route ils vont venir. Donc la route d’abord avant le marché normalement », nous a confié Mr Fofana, très remonté.
Pour renchérir, un autre citoyen déclare « notre jour de marché c’est le lundi mais aucun véhicule ne vient. On fait le marché entre nous ici c’est vraiment bizarre. Tout récemment, une crise de carburant avait frappé la localité suite à ce mauvais état de la route, ajoute-t-il.
Face à toutes ces dénonciations, l’autorité locale de Karala, se plie derrière les citoyens car, pour elles, l’enclavement de leur sous-préfecture affecte négativement la vie socioéconomique de la localité.
‘’Il y a manque d’agents de santé. Il n’y a qu’une seule personne au centre de santé. S’il quitte, le centre est fermé, personne n’y ira. Chaque fois quand les femmes sont en travail, on les amène à moto à Sinko. Il n’y a pas autre moyen si ce n’est pas la moto’’, affirme le maire Mory Condé.
Parlant de l’état dégradant de la route, le maire dit avoir saisi qui de droit mais en vain. « Nous avons lancé l’appel au préfet de Beyla qui a pris le devant. Il avait prit des gens pour arranger la route mais ceux-ci sont venus avec une machine qui n’était pas bonne donc le travail n’a pas été achevé. Même moi le maire quand on m’appelle pour une réunion à Beyla, là j’ai peur. Comment arriver à Beyla ? Il faut que je perde deux ou trois jours avant d’y arrivé. D’ici Kankan aussi, il ya un fleuve sur la route donc il n’ya pas de route.», a relaté Mory Condé.
Par ailleurs, le maire de Karala, de passage lève un coin de voile sur le système éducatif et la problématique liée à l’eau potable dans sa localité.
‘’Nous avons 6 salles de classe pour le primaire mais nous n’avons pas d’enseignant. Il n’y a que deux enseignants plus le DSE. Le reste maintenant, ce sont des contractuels que nous même nous partons chercher à Beyla et Nzérékoré pour les prendre en charge. Sur 10 jeunes, difficile de trouver deux qui s’expriment en français. Pour ce qui concerne l’eau, nous avons 4 pompes ici. Mais pendant la saison sèche, nos femmes souffrent énormément. Et vous-même vous voyez, il n’y a même pas de marigot à côté de nous’’, a laissé entendre le maire.
Pour le développement harmonieux de la sous-préfecture de Karala, les citoyens de la localité plaident pour la prise en compte de leurs préoccupations qui ne sont pas des moindres.
« Nous sommes les oubliés de la Guinée. C’est pourquoi on lance l’appel à l’autorité de nous venir en aide. Arranger nos routes parce que c’est ça le développement. Les marchés, nous même nous pouvons construire ça », soutiennent-ils.
De retour de Karala, Jean Damaris pour Lolaplus.org
Tél. 00224 669 98 04 67