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Friday 22 November 2024

Au pied du mur, Donald Trump droit dans ses bottes

Depuis la frontière mexicaine, le président sortant a réfuté toute responsabilité dans l’invasion du Capitole. Et jugé «dangereuse» la procédure de destitution lancée par les démocrates.

C’était sa première sortie publique depuis l’assaut mené mercredi dernier par ses partisans contre le Capitole, qu’il a lui-même encouragé et qui a coûté la vie à cinq personnes. L’une de ses dernières visites de président, à huit jours de la fin de son mandat, et à la veille de son probable «impeachment» : Donald Trump s’est rendu mardi après-midi à Alamo, au Texas, pour vanter le mur qu’il avait promis d’ériger à la frontière sud des Etats-Unis, lors de sa campagne 2016.

Métonymie de sa politique de lutte contre l’immigration illégale, présentée comme un accomplissement de l’administration Trump : après un pic en 2019, les arrestations à la frontière ont chuté en 2020. Difficile cependant d’attribuer ce résultat au seul «mur», entre la pandémie de coronavirus et les autres restrictions migratoires. Célébrant l’«extraordinaire succès» de la «construction» de près de 700 kilomètres de barrières à la frontière avec le Mexique – en réalité, principalement de la rénovation de clôtures existantes, sur une frontière longue de 3 200 kilomètres, et pour un budget de 5 milliards de dollars alloués par le Congrès depuis 2016 –, le président sortant a contesté toute responsabilité dans les événements de mercredi dernier, n’a montré aucun regret et s’est dit convaincu que rien ne l’empêcherait d’achever son mandat.

«Colère»

«Le 25e amendement ne représente aucun risque pour moi», a-t-il déclaré au pied d’une portion neuve de mur, le long du Rio Grande. Référence à l’appel des démocrates, qui ont demandé au vice-président Mike Pence de déclarer Trump inapte à exercer sa fonction et de le démettre du pouvoir, dans une résolution votée mardi soir. Réaffirmant sa loyauté envers le président américain, Mike Pence – que certains émeutiers, la semaine dernière, menaçaient de «pendre» pour son refus de s’opposer à la certification de la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle de novembre – avait fait savoir quelques heures plus tôt à la Speaker de la Chambre, Nancy Pelosi, qu’il n’invoquerait pas le 25e amendement. Dans son courrier, le vice-président demande également à Pelosi de renoncer à la procédure de destitution, qui ne ferait que «diviser» plus encore le pays et «aviver» les tensions du moment.

Trump, lui, a jugé que cette procédure, que doit lancer la Chambre des représentants ce mercredi, n’était qu’un «hoax» et la «continuité de la chasse aux sorcières la plus vicieuse de l’histoire de notre pays». Selon le Président, décidément jamais à court d’acrobaties pyromanes, c’est cet impeachment qui «cause une colère, une division et une souffrance énormes», «ce qui est très dangereux pour les Etats-Unis, surtout en ces temps délicats». Donald Trump a cependant affirmé qu’il croyait «au respect de l’histoire et des traditions américaines, pas en leur destruction», et «à l’Etat de droit, pas à la violence et aux émeutes». Cherchant à jouer l’apaisement, il a évoqué le «temps de la paix et du calme».

Crépuscule

Après une série de démissions dans son administration, et de très vives critiques au sein de son propre parti, Trump est, au crépuscule de son mandat, plus isolé que jamais. Selon le New York Times, Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat et longtemps son plus puissant allié au Congrès, a confié à ses proches qu’il approuvait la mise en accusation entreprise par les démocrates, jugeant que la procédure aiderait le Parti républicain à faire table rase de l’ère Trump.

Alors qu’il quittait Washington pour se rendre au Texas, plus tôt dans la journée, le président avait déjà dénoncé la procédure d’impeachment, la jugeant «totalement ridicule» et affirmant qu’elle suscitait «une immense colère» à travers les Etats-Unis. Interrogé par des journalistes, il avait obstinément refusé de reconnaître la moindre responsabilité dans l’assaut contre le Capitole, jugeant que son discours avait été «tout à fait convenable». Devant ses partisans rassemblés sur l’Ellipse, la pelouse au sud de la Maison Blanche, Trump les avait, quelques minutes avant l’assaut, enjoints à se rendre au Congrès et à se «battre farouchement» contre la certification du vote des grands électeurs au scrutin de novembre.

«Pire trahison»

Trump pourrait devenir le premier président de l’histoire des Etats-Unis à être deux fois mis en accusation au Congrès dans une procédure de destitution. Soutenu par les démocrates, majoritaires à la Chambre des représentants, et avec le soutien de certains élus républicains, l’acte d’accusation visant Donald Trump, pour «incitation à l’insurrection» et «à la violence contre le gouvernement des Etats-Unis», devrait être facilement adopté mercredi. Liz Cheney, l’une des chefs de la minorité républicaine à la Chambre et fille de l’ancien vice-président Dick Cheney, a annoncé qu’elle voterait en faveur de cette mise en accusation : «Le Président a convoqué cette meute, rassemblé cette meute et allumé la mèche», a-t-elle dénoncé dans un communiqué, estimant qu’il n’y a «jamais eu pire trahison par un président».

La suite de la procédure, elle, est plus incertaine : après le vote de la Chambre, un procès en destitution doit s’ouvrir au Sénat, aujourd’hui à majorité républicaine. Les démocrates, qui en prendront le contrôle le 20 janvier, auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaires à sa condamnation. Avec le risque de freiner, en monopolisant de longues séances au Sénat, l’action législative du début de la présidence Biden, qui devra avant tout lutter contre la crise sanitaire et économique du Covid-19. Mardi, les Etats-Unis ont enregistré un bilan de 4 470 morts en 24 heures. Un record depuis le début de la pandémie.

SOURCE : LIBERATION.FR

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