Après une décennie de gouvernance marquée par des crises politiques permanentes avec des conséquences désastreuses, les éléments du Groupement des forces spéciales, une unité d’élite de l’armée guinéenne à la tête Colonel Mamadi Doumbouya a pris sa responsabilité le 05 septembre 2021 pour sauver le peuple martyrisé par 10 ans de pouvoir d’Alpha Condé.
Ce coup d’État qui a porté le Colonel Doumbouya à la magistrature suprême du pays a été vivement salué par l’ensemble des composantes de la nation. Cette adhésion de la population a découlé du premier discours responsable, patriotique et plein de significations qui a donné un lueur d’espoir au peuple qui s’attend à la rupture en terme de gouvernance comme cela a été indiqué dans la déclaration de prise de pouvoir par l’armée. La refondation de l’État, la rectification institutionnelle, la lutte contre le détournement et la gabegie financière, la restructuration de l’administration sont entre autres ambitions que l’homme du 05 septembre a bien voulu en faire son cheval de Bataille. C’est pour quoi, les mois qui ont suivi, CNRD et son président se sont attelé au vaste chantier de récupération des domaines bâtis et non bâtis de l’État, la lutte féroce contre le détournement de deniers publics à travers la CRIEF, l’assainissement du fichier de la fonction publique. Ces opérations ont conduit à l’interpellation et la détention de plusieurs hauts dignitaires du régime déchu accusés de détournement des deniers publics, le déguerpissement des occupants des domaines de l’État qui a touché des cadres de l’administration publique ainsi que les leaders politiques qui ont profité de leur poste sous le règne de Lansana Conté pour s’octroyer des domaines appartenant à l’État.
Ces actions louables d’intérêt public ont créé des frustrations chez les militants et sympathisants de leaders et partisans des détenus d’où le désamour entre ces derniers et la junte au pouvoir. Depuis, on assiste à une campagne de dénigrement médiation et la prise de position des entités concernées ainsi que leurs alliés sur la conduite de la transition. En depit des multiples invitations a participer au cadre de concertation mis en place pour discuter sur la durée et le contenu de la transition, ces acteurs politiques et leurs alliés de la société civile ont opté pour la politique chaise vide en refusant de répondre à toute invitation du pouvoir en place pour discuter. Cette radicalisation les a poussés à traiter d’autres qui ont participé aux différentes rencontres de tous les nom d’oiseaux tout en les accusant d’être en mèche avec CNRD pour les écarter.
Pour justifier leur démarche antirépublicaine, des partis politiques et leurs alliés se disant exclu ont émis des griefs sur la conduite de la transition notamment le cadre de concertation institué par le président de la transition à l’effet de discuter avec eux sur le contenu à donner à la transition et sa durée. Ces businessmans de crise qui se battent pour des intérêts inavoués dont la plupart cherche à se tirer des griffes de la CRIEF ont brandit la menace de reprendre la rue comme ce fut le cas pendant plus de 10 ans du régime Alpha Condé pour exiger leur volonté et imposer leur calendrier aux autorités actuelles en vue de s’échapper à la reddition des comptes de leur passage dans les différents gouvernements. Toute chose qui démontre pourtant leur mauvaise foi de vouloir échouer la transition pour préserver leurs propres intérêts au détriment des intérêts collectifs du peuple de Guinée.
On se rappelle encore, en 2008 se faisant appeler d’alors forces vives de la nation, on a exercé la même pression sur CNDD et son président capitaine Dadis Camara jusqu’à ce qu’on a connu le massacre du 28 septembre. Est-ce qu’il faut craindre le même scénario pour écourter la transition ? J’en doute fort. L’échec de la transition de 2008-2009 est imputable aux politiques qui ont coûte que coûte préféré aller aux élections sans pouvoir poser les jalons d’une véritable démocratie dans notre pays.
Cette fois-ci encore, cette mauvaise intention est visible sur le comportement de certains acteurs politiques et de la société civile moins représentative, jalouse de la promotion de certains de leur qui ont bénéficié des postes de responsabilité. Monsieur, le président de la transition, malgré votre bonne volonté et celle de votre Premier Ministre d’ouvrir un nouveau dialogue franc, sincère et inclusif, des petits malins auront toujours des arguments pour décrédibiliser le cadre de dialogue qui va être mis en place dans les prochains jours.
Mon Colonel, le peuple attend de vous, l’achèvement des vastes chantiers de moralisation de l’administration et la refondation que l’avez promis à votre prise du pouvoir. Le peuple a besoin de voir clair la gestion qui a été faite de son pays dans le passé. Il souhaite que vous poursuivez le chemin emprunté depuis le 05 septembre. Ne reculez pas, ne vous laissez pas prendre en otage par des businessmans qui veulent faire échouer votre noble et précieux projet applaudit par la majorité des guinéens. Le consensus que vous recherchez sur la conduite de la transition ne verra jamais jour, le camp d’en face traîne un agenda caché. Ne cédez pas aux désidératas des uns et des autres, si le peuple vous a applaudit, c’est parce qu’il vous a crû, il croit que vous pourriez être la solution à ses problèmes, alors ne le déçoit pas.
Beaucoup d’observateurs estiment que si vous reculez pour répondre à toutes les exigences des politiques vous risquez de trahir le peuple. Dans un pays comme la Guinée où l’anormal était devenu la norme, le désordre et la pagaille érigés en norme, les réformes feront forcément des mécontents, des frustrés. Mais tout cela devrait vous réconforter dans votre marche car même Dieu ne fait l’unanimité à plus forte raison un être humain donc ne cherchez pas l’inexistant. Un adage dit qu’on ne fait pas faire l’omelette sans casser les œufs. Toute réforme à un prix, il faut consentir ce prix pour changer les conditions de vie et de travail des guinéens longtemps embobiner dans la pauvreté par le fait des cadres véreux.
Monsieur le président de la transition, votre réussite est celle de toute la Guinée, éviter de vous faire dérouter sur le chemin balisé dès le lendemain de la prise du pouvoir. Si le peuple de Guinée vous a applaudi, il demeure cependant exigeant à votre égard et vous tient à l’œil dans la réalisation des promesses contenues dans votre discours de prise du pouvoir.
Regard croisé d’un observateur sur la transition
Facinet Camara journaliste