En Guinée, il faut dire que ce ne sont pas seulement les opposants au régime d’Alpha Condé qui subissent ces cas d’arrestation. Ils sont aussi nombreux, les activistes du pays, à être victimes de cette situation. Un fait qui ne laisse pas indifférente Simone Lamah, une jeune activiste des droits de la femme et de l’enfance et étudiante en L3 Droit carrière judiciaire à l’université général Lansana conté de Sonfonia. Elle est également Secrétaire administrative de l’Union des Jeunes Leaders de Guinée (UJLEG). Simone Lamah occupe aussi le poste de chargée aux affaires sociales, à la promotion du genre et de l’enfance de la législation guinéenne du mouvement panafricain des leaders (MPL), associée à INNOV ÉDITIONS.
Au micro du correspondant de lolaplus.org basé à Conakry, elle a rappelé que les gens ne devraient pas être arrêtés, lorsqu’ils expriment leur opinion comme le consacre l’article 7 de la constitution du 07 mai 2010. Sur le Covid-19, elle demande aux populations de croire d’abord à son existence, mais de renforcer davantage les mesures barrières, ceci pour une éradication rapide de cette pandémie.
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Les arrestations arbitraires qui interviennent souvent en Guinée ne visent pas que les acteurs politiques, mais aussi ceux de la société, notamment les activistes. Votre regard sur ce phénomène en tant qu’activiste ?
Déjà le constat est amer, car aujourd’hui, pas que les politiques, mais ces arrestations sont pour la plupart des activistes. Activistes pourquoi, parce qu’ils sont là en train de défendre l’intérêt commun de la population. Alors, il faut rappeler que la Constitution du 07 mai 2010, dispose en son article 7 que chacun est libre de croire, de professer sa foi religieuse, son opinion politique à travers la parole, l’écrit et l’image. Et pour ce faire, un activiste doit défendre l’intérêt commun, du moment où cet intérêt a tendance d’être violé. Alors vu que cette Constitution nous accorde ce privilège, il paraît clairement qu’il n’est donc pas interdit à un citoyen d’exprimer tout ce qu’il ressent. Mais par ailleurs, il faut rappeler qu’il y a des sanctions qui sont prévues quant à la violation de ce présent article. Il faut donc savoir que s’exprimer n’est pas mal mais, il y a des conséquences qui peuvent en résulter. C’est pourquoi en s’exprimant, il est important de savoir quel thème et quel angle utilisés pour aborder ce qu’on pense exprimer. Ce même article fini souvent par nous rattraper même en étant activiste et c’est ce que les gens ignorent malheureusement.
Notre pays traverse une crise sanitaire depuis le 12 mars 2020, suite à la pandémie du Covid-19. En votre qualité d’activiste, parlez-nous du combat que vous avez déjà pu mener ?
Il faut dire que cette pandémie continue de sévir et des pertes en vie humaine sont enregistrées chaque jour qui passe. Pour un premier temps, la Guinée n’avait signalé que deux (2) cas et de nos jours, nous sommes à 1000 et quelques cas confirmés. En tant qu’activiste et chargée aux affaires sociales à la promotion féminine et de l’enfance de la législation Guinéenne et du mouvement panafricain des leaders, par le biais de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire ANSS, nous sommes parvenus à organiser une journée de sensibilisation la semaine passée au marché de Matoto. Il y a pas mal de citoyens et citoyennes que nous avons pu sensibiliser à travers des flyers, car ils sont pour la plupart non scolarisés. Avec donc ces images, notre message a passé sans problème. Toujours dans ce cadre, à travers le Club , nous avons distribué une cinquantaine de bavettes à la RTG, mais aussi de nombreux masques aux femmes du marché Taouyah. Cependant, je pense que cette sensibilisation doit davantage être renforcée, car j’avoue qu’il y a des gens qui ne croient toujours pas à l’existence cette maladie pourtant réelle et mortelle mais qu’on peut cependant vaincre en observant des mesures barrières. Sinon, la Guinée qui n’a pas encore eu un bon nombre de décès, devrait prendre toutes les dispositions au regard du nombre de décès enregistrés dans d’autres pays.
Alors vu que les cas de contamination ne cessent d’augmenter, est-ce que vous ne trouvez pas nécessaire comme d’autres pays, de passer à un confinement total de Conakry ?
Moi je ne suis pas opposée à un confinement de Conakry. Mais, il est important de voir à la base. C’est bien vrai que plusieurs personnes optent pour ça, même environ une à deux semaines. Mais vous connaissez bien la situation socio-économique, comparativement à la France par exemple. Je pense que ça ne nous sera pas trop avantageux, pensant que le Guinéen ne vit que du quotidien. En résumé je ne suis pas contre mais les conditions du pays ne permettent pas du tout.
Un mot sur vos prochaines activités ?
Par rapport aux prochaines activités, il faut dire que c’est de toujours continuer à renforcer la sensibilisation pour que le message tombe dans de bonnes oreilles. En plus, à chaque fois qu’on ait l’apport de l’ANSS, puisque ce n’est pas facile pour nous ONG, on pourra bien prévoir de nombreuses initiatives, non seulement dans le cadre de l’éradication, mais aussi pour mieux prévenir la maladie.
Un conseil à l’endroit des Guinéens, surtout ceux-là qui ne croient toujours pas à cette pandémie et qui font dos aux mesures barrières ?
Je pense que ces personnes doivent chercher à mieux s’informer. Puisque, quand on est en manque d’informations, il serait difficile de croire en une réalité. Parce que même pour le simple lavage des mains, parfois il y a quelques hommes et femmes lors des sensibilisations qui vous disent carrément de quitter devant eux, et moi j’en ai été victime. Pour que ça réussisse donc, il faut te mettre dans la peau de la personne. Mais en aucun cas, ça nous a empêché de continuer à sensibiliser. Alors il faudrait vraiment que les populations y croient et qu’elles sachent surtout que ce n’est pas une maladie inventée et que sa première apparition n’a pas vu jour en Guinée, mais plutôt à l’étranger. C’est pourquoi l’idéal serait qu’on se débarrasse de cette pandémie et je pense que tout ira bien.
Simone LAMAH, il ne reste plus qu’à vous dire merci !
Merci à lolaplus.org de m’avoir donné la parole !
Interview réalisée par Robert Mellano, pour lolaplus.org.