Arrivé le dimanche 5 septembre 2021 par un coup de force, en renversant le parti au pouvoir, le CNRD et son président, le Général Mamady Doumbouya, viennent de passer trois (3) ans à la tête de la Guinée. Cela a été célébré dans plusieurs endroits du pays à travers des lectures du saint coran avec des mouvements de soutien et des concerts organisés un peu partout. En parallèle, des forces opposées à la gestion des militaires avaient aussi annoncé des manifestations. À Kankan, des acteurs politiques se sont exprimés pour dresser un bilan des trois ans de gestion du CNRD, dont l’arrivée avait suscité tant d’espoir.
L’an 3 du CNRD : Réactions croisées des citoyens de Labé sur le bilan du Général Mamadi Doumbouya
La ville de Kankan, autrefois considéré comme le bastion imprenable du RPG, bascule petit à petit dans les poches du CNRD avec des mouvements de soutien visibles un peu partout dans la ville. Mais malgré cela, certains responsables de l’ancien parti au pouvoir à l’image de Sory Sanoh, ancien préfet de N’zérékoré et de Kérouané, aujourd’hui membre de la coordination régionale du RPG Arc-en-Ciel refuse encore de déposer les armes.
Pour lui, durant les trois ans, il y a plus de regrets que de progrès dans la gestion du CNRD « Bientôt, le CNRD aura trois ans à la tête de la Guinée. Ce que je peux dire, c’est qu’il y a plus de regrets que de joie. Premièrement, l’engagement pris par le CNRD à travers la charte qu’il a lui-même rédigée, et l’accord sur la durée de la transition convenue avec la CEDEAO, sont voués à l’échec. C’est un premier mauvais bilan que l’on peut tirer de ces trois années. Ensuite, durant ces trois ans, toutes les libertés ont été confisquées : la liberté de manifester dans la rue ou sur les places publiques est interdite. De plus, les médias, qui permettaient au peuple de s’informer sur ce qui se passe dans le pays et ailleurs, sont fermés. Aujourd’hui, le peuple de Guinée est plongé dans l’obscurité en ce qui concerne les informations fiables. La sécurité des personnes et de leurs biens est également remise en question. Les disparitions se multiplient. Le dernier cas concerne ‘Foniké Menguè’ et ‘Billo Bah’, disparus depuis environ deux mois sans que l’on sache exactement où ils sont. » A-t-il déploré
Pour Antoine Dogbo Guilavogui, secrétaire fédéral de l’UFDG à Kankan, qui s’était réjoui de l’arrivée des militaires au pouvoir, le CNRD a dévié des raisons qui l’ont poussé à faire le coup d’État. Il explique sa position par le fait que tout est devenu presque une nécessité, notamment les denrées alimentaires, selon lui « Vous savez, la Guinée est un pays à part dans le monde entier, il faut le reconnaître. Tout le monde dit que nous sommes extrêmement riches, mais nous sommes aussi extrêmement pauvres. Tous ceux qui viennent au pouvoir se font tromper par leur entourage. Sinon, moi qui vous parle, j’avais beaucoup apprécié le président Mamady Doumbouya parce que son discours était franc, il a touché le cœur de tous les Guinéens. Mais c’est le terrain qui commande. Moi, je pense qu’il y a une très forte déviation. Je m’explique : l’alimentation est une nécessité, l’électricité est aussi une nécessité, tout comme la route et l’eau. Alors, quand tout cela manque à un peuple, on ne peut pas dire que tout va bien. Moi, j’aurais voulu, comme un prêtre l’avait dit, “il faut abattre toutes les branches pourries”. S’il ne le fait pas, vraiment, on n’est pas dans la réussite », déplore Antoine Dogbo Guilavogui
Selon Amadou Secteur Barry, président de l’Union pour le Progrès et le Développement de la Guinée, le CNRD ne devrait pas fêter la journée du 05 septembre parce que ce jour, il y a eu des pertes en vie humaine « Selon moi, le CNRD ne devrait pas fêter la journée du 05 septembre. On devrait profiter pour faire une conférence nationale, pour informer et confirmer réellement le but de la prise du pouvoir. Parce que jusqu’à présent c’est un confus, les gens ne sont pas réellement imprégnés de la cause de la prise du pouvoir par les militaires. Deuxièmement, il y a eu des pertes en vies humaines. À cet effet, le 05 septembre doit être aussi une journée de deuil et une journée de l’information par le CNRD » dit-il
Mohamed ALY