Aux États-Unis les défenseurs du droit à l’avortement multiplient les manifestations pour dénoncer un projet de décision de la Cour Suprême. La décision porte sur l’intention de la Cour d’abroger l’arrêt de Roe versus Wade de 1973 relatif au droit à l’avortement.
Plusieurs grandes villes américaines sont secouées par des manifestions spontanées après la publication par le site d’informations américain Politico d’un document interne de la Cour Suprême. Publié le lundi 2 mai 2022, le document est la fuite inédite d’un projet de décision de la Cour suprême visant l’arrêt Roe versus Wade de 1973. Cet arrêt protège le droit de la femme américaine à interrompre volontairement sa grossesse.
Selon le contenu du projet de décision, l’annulation de cet arrêt est prévue avant le 30 juin 2022. Cela donnerait le pouvoir de décision à chaque État d’interdire ou d’autoriser l’accès à l’interruption volontaire de la grossesse. Conséquemment, l’avortement pourra être interdit à plus de 36 millions de femmes en Amérique en âge de procréer (près de la moitié de la junte féminine) dans 26 États.
La publication du document a alors provoqué un séisme social aux États-Unis. Quelques minutes seulement après l’annonce de la nouvelle, plus d’une centaine de personnes (à la fois en faveur et contre le droit à l’avortement) s’étaient spontanément regroupées devant le bâtiment de la Cour Suprême à Washington. Depuis le soir du 2 Mai jusqu’au moment où nous mettons sous presse (6 mai 2022), des manifestants ont rejoint des rassemblements dans plusieurs villes comme Boston, Dallas, Nashville, New York, Nouvelle-Orléans, San Francisco, etc.
Défenseurs du droit à l’avortement
Les manifestants qui défendent le droit à l’avortement allumaient des bougies et chantaient en faveur des droits aux services de la santé sexuelle et de la reproduction. « Que fait-on lorsque le droit à l’avortement est attaqué ? On se lève et on se bat !», scandaient-ils. Ils brandissaient des pancartes avec divers messages tels que : « Les juges sortez de mon vagin », «L’avortement légal une fois pour toute», «Nous n’allons pas nous retourner», «Mon corps, mon choix», «Stop à la guerre contre les femmes».
Les réactions des hautes personnalités n’ont pas tardé à pleuvoir.
Le Président américain, Joe Biden, encourage ces concitoyens à mener le combat dans les urnes en novembre 2022 pendant les élections de mi-mandat. « Nous aurons besoin de plus de Sénateurs favorables au droit de choisir, et d’une majorité en ce sens à la Chambre des représentants, pour adopter une législation codifiant (la jurisprudence existante), que je promulguerai », a-t-il dit dans son message incitatif.
La Vice-Présidente, Kamala Harris, s’interroge sur le courage des conservateurs. « Comment les républicains osent-ils essayer de priver les femmes de leurs droits et libertés » a ainsi écrit sur Twitter.
La Sénatrice démocrate du Massachusetts, Elisabeth Warren, dit que la Cour Suprême n’a pas droit à imposer une position aux femmes. « Je suis en colère parce qu’une Cour Suprême extrémiste pense qu’elle peut imposer ses opinions extrémistes à toutes les femmes de ce pays et elle a tort. J’ai vu le monde où l’avortement est illégal. Nous n’y retournerons pas, pas maintenant, jamais » a-t-elle twitté. Elle a exprimé sa colère dans une vidéo qu’elle a publiée sur l’internet. « Les femmes aisées peuvent prendre l’avion et se rendre dans un État où l’avortement est légal. Elles peuvent quitter le pays. Ce sont les femmes les plus pauvres qui seront les plus durement touchées. Cela va être d’autant plus dur pour les femmes maltraitées, les femmes qui ont été violées […] les femmes qui cumulent déjà deux emplois pour s’occuper de leurs enfants. Cette Cour Suprême vient de dire qu’elle s’en fichait », a-t-elle confié aux journalistes.
Le couple Obama, Barack et Michelle Obama, a publié un long message pour expliquer l’importance du droit à l’avortement et la nécessité de lutter pour assurer sa pérennisation face aux menaces de son annulation et par ricochet celle de la liberté des femmes.
Opposants du droit à l’avortement
Au même moment, les manifestants opposés au droit à l’avortement se félicitaient de la voie adoptée par les juges du temple de la justice État-Unisienne. Ces activistes anti-avortement entonnaient le refrain : «Hé, hé, ho, ho, Roe versus Wade doit y aller», chantaient-ils. Certains brandissaient des pancartes avec des slogans comme : «Dire à une femme que tu ne seras pas libre sans avortement est de la misogynie», «L’avortement blesse les femmes», «L’avortement tue des enfants», «La vie commence à la conception et ce n’est pas un droit de la femme», «Je suis une génération de pro-vie».
Quelques élus républicains ont immédiatement réagi. Le leader républicain au Sénat, Mitch McConnell, exhorte ses membres à concentrer leur effort sur la recherche du l’auteur de la fuite du document et non sur le sujet de l’avortement. «Cette action illégale doit être examinée et punie», s’est-il-exprimé.
Un sénateur et une représentante, Josh Hawley et Marjorie Taylor Green, se réjouissent des intentions de la Cour Suprême. «C’est la meilleure et la plus importante nouvelle de notre vie», ont-ils commenté.
Selon nos sources, des manifestations auront lieu au cours de la semaine et ce week-end dans plusieurs autres grandes villes du pays.
Nous y reviendrons!
Pépé François Haba (habapf@gmail.com)
Correspondant de LolaPlus en Amérique
