A l’initiative de la structure Tournons la page (TLP), une dizaine d’acteurs de la société civile guinéenne pris part à un panel sur Alternance et la limitation de mandat au siège de l’ONG Maison de la Démocratie et des Droits de l’Homme, sis au quartier Nongo dans la commune de Ratoma.
Prenant la parole, Moussa Soumaoro, coordinateur de la campagne citoyenne du Tournons La Page a fait savoir que ce panel s’inscrit dans le cadre d’une campagne panafricaine. « D’abord, il faut rappeler que la campagne citoyenne que nous sommes en train de mener, c’est une campagne panafricaine dans plus de dix pays où les Antennes de Tournons La Page sont installées », a-t-il précisé.
Parlant spécifiquement de la Guinée, il a dit : « Mais pour le cas précis de la Guinée, vous le savez la limitation de mandat présidentiel est une disposition consacrée par nos différentes constitutions. Et dans les années 2001 et tout récemment dans années 2020, on a constaté qu’il y a eu vraiment la violation de ce principe-là avec toutes les conséquences que cela a abouti, surtout le coup d’Etat actuel.
Il était important pour nous de contribuer à la mobilisation citoyenne à l’information pour que les citoyens sachent qu’il est vraiment de leur responsabilité de participer à la défense de ce principe-là. C’est pourquoi, nous avons organisé une rencontre avec les organisations de la société civile et les étudiants pour poser la question sur la table ».
Dr Ramadan Diallo, enseignant chercheur a mentionné dans son exposé que l’alternance est une bouffé d’oxygène dans la démocratie.« Il faut retenir que l’alternance est le souffle de la démocratie. C’est de temps plus le souffle qu’un seul individu ne peut pas se prévaloir le droit de conduire seul les destinés d’un Etat ou d’être le plus intelligent ou le plus patriote par rapport à un pays. Donc, l’alternance vise à avoir toujours de nouvelles idées, a avoir une nouvelle façon de voir la société et avoir de nouvelles réformes. Cela donne une bouffé d’oxygène à la démocratie »
Sur les causes et les conséquences du tripatouillage de la constitution, il a dit :
« Le tripatouillage de la constitution est une violation flagrante du principe de limitation de mandat. Ce principe est devenu sacrosaint aujourd’hui dans les démocraties africaines. En tous cas plusieurs pays l’ont consacré dont la Guinée depuis au moins 1990. Ces tripatouillages ont comme causes essentiellement dans un premier temps la vulnérabilité de notre système politique, l’impuissance aussi des organisations régionales, africaines qui ont du mal à appuyer les acteurs nationaux dans la lutte contre ces tripatouillages constitutionnelles.
Mais sur le plan interne, il faut noter la faiblesse des contre-poids à l’exécutif. Ces contres-poids c’est essentiellement le législatif dans un premier temps qui est le tout premier contre-poids à l’exécutif ou aux dirigeants et l’autre contre-poids fondamental c’est le pouvoir judiciaire notamment, les cours constitutionnelles, puisque ce sont les constitutions qui sont le plus souvent tripatouillées. Donc, c’est la cour constitutionnelle qui est la gardienne de ces constitutions. Et lorsque ces constitutions que sont le parlement, la cour constitutionnelle ou dans certaines mesures les organismes de gestion électoraux sont à la solde des dirigeants forcément cela constitue des cautions morales pour pouvoir modifier les constitutions et violer le principe de limitation des mandats ».
Sur l’implication de la société civile, il a dit : « la position de la société civile est fondamental. Parce que dans toutes démocraties, la société civile est dans une certaine mesure la société politique. Donc les partis politiques d’opposition constituent ce que j’appelle les véritables sentinelles de la démocratie, ce sont un peu les porte-voix du peuple. Ce sont des contres pouvoir verticaux. C’est à eux lorsque la constitution est violée, lorsque les droits les plus élémentaires du peuple et de la démocratie sont violés, c’est à la société civile de se lever comme un seul homme. C’est aux partis politiques de se lever comme un seul homme pour pouvoir arrêter l’exécutif, pour pouvoir arrêter l’Etat dans ses manœuvres là (…). »
Aboubacar Sidiki Diakité, l’un des participants a salué la tenue de cette rencontre. « C’est un panel très intéressant vue la thématique débattue sur l’alternance démocratie et la limitation des mandats. Comme le savez-vous, c’est « une maladie » je le dirais dont souffre beaucoup de pays africain, notamment la volonté de certains dirigeants à se maintenir éternellement au pouvoir en bafouillant systématiquement les principes qui sont liés à la limitation des mandats ».
En tant qu’activiste de la société civile, ajout-il, « il est très important de prendre part à ce présent panel et à travers la communication des panélistes qui sont des enseignants chercheurs et des consultants indépendants d’avoir des nouveaux points de vue par rapport à la suite du combat. Nul ne peut prédire l’avenir, mais ce qui reste claire la tentation de tripatouillage de constitution demeure une réalité et un défi que nous les activistes de la société civile ont se doit de relever »
Daouda Yansané
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