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Friday 22 November 2024

Alassane Ouattara : « J’ai décidé de ne pas être candidat en 2020 »

Le président ivoirien a annoncé, ce jeudi 5 mars, qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat à l’occasion de l’élection d’octobre 2020. Le Point Afrique

Le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, devant les membres du Congrès à Yamoussoukro le 5 mars 2020.

Fin du suspense. « Tout au long de ma carrière, j’ai toujours accordé une importance particulière au respect de mes engagements. En conséquence, j’ai décidé de ne pas être candidat en 2020. » C’est sous les applaudissements nourris des députés et sénateurs exceptionnellement réunis dans le grand amphithéâtre de la Fondation Félix Houphouët-Boigny de Yamoussoukro ce jeudi 5 mars que le chef de l’État ivoirien a terminé son discours à la Nation. Alassane Ouattara ne sera donc pas candidat à succession lors de la prochaine présidentielle d’octobre 2020. Depuis de longs mois, le chef de l’État ivoirien âgé de 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, laissait planer le doute sur une possible candidature à un troisième mandat. La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais Alassane Ouattara estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que conteste l’opposition. « Cette décision est conforme à ce que j’ai toujours dit, à savoir qu’il faut laisser la place à une jeune génération, en qui nous devons faire confiance, les jeunes Ivoiriens honnêtes, compétents, expérimentés, qui ont appris à nos côtés comme nous l’avons fait auprès du Père de la Nation Félix Houphouët-Boigny », a dit Alassane Ouattara, économiste, ancien directeur général adjoint du FMI et dernier Premier ministre d’Houphouët-Boigny (1990-1993). « Cela a été un honneur de servir mon pays », a ajouté Ouattara, visiblement ému. « Prési ! Prési ! Merci ! Merci ! », ont scandé de jeunes élèves et étudiants invités au Congrès.

Des mois de spéculation

Une décision qui a pris beaucoup d’Ivoiriens au dépourvu, notamment les proches du chef de l’État et la classe politique. En effet, officiellement, le programme du jour devait être consacré à la révision de la Constitution ivoirienne annoncée fin 2019. « Il est vrai que cela suscite souvent méfiance et suspicion, car c’est souvent un prétexte pour se maintenir au pouvoir. Je voudrais vous rassurer, ce projet de révision constitutionnelle ne s’inscrit nullement dans cette optique », a expliqué le président Ouattara. L’occasion aussi de dévoiler les modifications constitutionnelles qu’il présentera vendredi lors d’un conseil des ministres extraordinaire.

Le Congrès ivoirien doit valider toute modification de la Constitution à une majorité des deux tiers. Si cette majorité n’est pas atteinte, il faut passer par un référendum. La coalition du président Ouattara dispose d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale et au Sénat. L’opposition a déjà critiqué toute révision.

Le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié a évoqué un « tripatouillage », et l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, candidat à la présidentielle d’octobre et actuellement en exil, l’a jugé « inacceptable ».

En janvier, le président avait refusé de préciser les modifications envisagées, mais il a rappelé des déclarations déjà faites auparavant : « Je vous rassure à nouveau : il n’y aura pas d’exclusion de qui que ce soit. Même si vous êtes centenaire, vous pourrez être candidat », avait-il ironisé, faisant sans doute allusion à l’âge d’Henri Konan Bédié, qui aura 86 ans lors du scrutin et qui n’a pas écarté l’idée de se présenter. Depuis, les différentes déclarations ont renforcé le climat de tension qui règne depuis bientôt dix ans après la crise postélectorale de 2010-2011 qui avait fait 3 000 morts.

Avant d’annoncer son retrait dans la course à la présentielle, Alassane Ouattara a fait un bilan de ses neuf ans de gouvernance, se disant « fier de toutes ces belles performances accomplies ». Selon lui, « ces résultats sont conformes aux engagements » de campagne pris devant ses compatriotes. « Je n’ai certainement pas tout réussi, mais les résultats sont là. J’ai donné le meilleur de moi-même, pour mes compatriotes ; parce que j’aime mon pays », a encore déclaré Alassane Ouattara. À la sortie de la salle, les commentaires vont bon train. Sur Twitter, le ministre de la Défense, Ahmed Bakayoko, a déclaré : « Je suis fier de ce grand homme et heureux de le côtoyer. Un grand Africain qui donne d’espérer en notre continent ! » « Alassane Ouattara n’est pas candidat à l’élection présidentielle. C’est une grande décision, c’est un acte fort. Il pose ainsi les bases d’une élection transparente », a réagi Affi N’Guessan du Front populaire ivoirien. « C’est ce qu’on appelle sortir par la grande porte. Après des chantiers gigantesques partout dans le pays, cet homme a su respecter ses engagements et ses combats pour une démocratie durable dans son pays, et surtout éviter que le sang coule à nouveau », a résumé Abdrahmane Diallo, sur Twitter. Une internaute salue « une décision normale, mais rare en Côte d’Ivoire, c’est normal qu’on en soit fiers ! »

SOURCE: LEPOINT

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