À l’occasion d’un discours à la nation ivoirienne, le président de la République de Côte d’Ivoire a annoncé qu’il serait candidat pour un troisième mandat.
Comme le veut la tradition, en Côte d’Ivoire, le chef de l’Etat prononce un discours à la nation à la veille des célébrations de la fête d’indépendance du pays, événement qui a lieu le 7 août de chaque année.
Ce jeudi (06.08.2020) donc, le président Alassane Ouattara, dans son allocution radio-télévisée, a annoncé que suite au décès de “son candidat” à la présidentielle, et vu le court délai qui sépare le pays de cette échéance fixée au 31 octobre 2020, il avait décidé de se porter candidat pour un troisième mandat.
“J’ai décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant d’être candidat… Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020” a déclaré Alassane Ouattara. “Le risque que notre pays recule dans bien des domaines, tout cela m’amène à reconsidérer ma position“, a laissé entendre Alassane Ouattara.
Face à la caméra, le président explique aussi : “cette décision murement réfléchie est un devoir que j’accepte dans l’intérêt supérieur de la nation afin de continuer de mettre sans relâche mon expérience au service de notre pays“.
Comme c’est aussi l’occasion de prononcer des remises de peine à des prisonniers, le président Alassane Ouattara a sacrifié à cette tradition mais sa décision ne concernait que des détenus dits de droit commun.
Une surprise pour ceux qui espéraient que le président annoncerait des mesures favorables au retour de certains de ses opposants de taille comme l’ex-président Laurent Gbagbo et l’ancien président de l’Assemblée nationale et ancien Premier ministre Guillaume Soro.
Les deux ex-alliés ont forcé l’ex-président Laurent Gbagbo à quitter le pouvoir dans une crise post-électorale ayant fait officiellement 3.000 morts
Volte-face
En annonçant sa candidature, Alassane Ouattara, âgé de 78 ans, revient sur l’annonce retentissante qu’il a faite en mars devant le Congrès ivoirien réuni à Yamoussoukro. Dans un discours qualifié d’historique, même par ses opposants, Alassane Ouattara avait d’abord fait un bilan élogieux de sa propre action à la tête de la Côte d’Ivoire.
Voici un extrait de ses propos tenus lors de cette grande réunion de Yamoussoukro : “En conséquence … (il est interrompu à plusieurs reprises par certains députés) en conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle …. (il est de nouveau interrompu), à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération“.
Amadou Gon Coulibaly
Fidèle parmi les fidèles du président Ouattara, le désormais ex-Premier ministre était désigné comme candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir) pour briguer la succession du président Alassane Ouattara.
Mais il décède brusquement début juillet 2020 après avoir fait un malaise en plein conseil des ministres en présence du président qui dirigeait cette séance.
Pris de court, les ténors du RHDP dont notamment son directeur exécutif Adama Bictogo et l’actuel Premier ministre Hamed Bakayoko, appellent avec insistance le président à revoir sa décision et présenter sa candidature au nom du parti.
Selon l’opposition en revanche, il n’a pas le droit de se représenter. L’ex-président Henri Konan Bédié a ainsi déclaré récemment qu’une candidature de M. Ouattara “serait illégale“. Agé de 86 ans, il est lui-même le candidat désigné du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principale formation d’opposition.
Alassane Ouattara, élu en 2010 puis réélu en 2015, a estimé que la Constitution l'”autorise” à exercer un troisième mandat. La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais selon l’interprétation du pouvoir, l’adoption de cette nouvelle loi fondamentale en 2016 a remis les compteurs à zéro.
SOURCE : DW.COM