Le professeur et prédicateur n’ko Nanfo Ismaël Diaby fut interpellé par la Ligue Islamique de Kankan pour avoir fait prier les fidèles musulmans dans sa propre langue N’ko, cet acte a soulevé beaucoup de polémique partout. A mon avis, on va faire recours aux textes religieux pour trancher ce problème. Il n’ya aucun passage dans le coran ni dans les Hadiths qui interdit la prière dans une autre langue que l’Arabe. Dans la jurisprudence islamique, tout ce qui n’est pas illégal est légal.
Pendant mes différents débats sur ce sujet y compris avec le très respecté islamologue Pr Moustapha Koutoubou Sanoh, j’ai évoqué des preuves irréfutables qui corroborent la prière dans toutes les langues et montrent que le coran reste la parole de Dieu dans toutes les langues, car certaines personnes pensent que la traduction du coran n’est pas égale au coran écrit en arabe; Ces propos sont erronés et sans fondement, voici quelques preuves qui affirment mes thèses : Le coran est la parole de Dieu destiné à toute l’humanité, il a pour but de guider les hommes sur le droit chemin et de les éloigner des œuvres de Satan, Dieu nous dit dans le coran que « c’est lui qui a révélé à son serviteur des versets explicites pour vous faire sortir des ténèbres vers la lumière. Allah est, envers vous, tout Compatissant et tout Miséricordieux ». Sourate 57, verset 9. Dieu nous dit encore dans la sourate 38, versets 87 que « cela n’est qu’un Rappel adressé à tout l’univers ».
Alors si la traduction du coran n’est pas un coran, comment peut-on expliquer les lois divines à quelqu’un qui ne connait pas l’Arabe ? Si la traduction du saint coran n’est pas la parole de Dieu comme prétendent certains maitres arabophiles, pourquoi les non arabes font ce que Dieu demande de faire, et interdit ce que Dieu interdit ? par exemple si quelqu’un dit en Malinké que je répudie ma femme (dire que je considère ma femme comme ma mère) est ce qu’il peut faire deux mois de jeûne ? ou bien nourrir soixante pauvres comme Dieu l’a affirmé dans la sourate 58, verset 3 à 4 ? donc, le coran est l’ensemble des principes divins, que ça soit en anglais, en N’ko, en Soussou ou en Pular, les lois sont les mêmes. Sachez que le coran est descendu en arabe pour que les arabes comprennent, il dit dans le coran que « Nous l’avons fait descendre (en révélation) : un coran arabe, pour que vous le compreniez » sourate 12, verset 2.« Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent ».
Les défenseurs arabophiles de la langue arabe affirment qu’on peut adorer le tout puissant dans toutes les langues sauf les cinq prières quotidiennes, est ce que la prière n’est pas une adoration ? Pourquoi Dieu peut accepter l’adoration dans une autre langue et refuser la prière dans la même langue ? Pourtant Dieu est le créateur de toutes les langues.« Ne vois-tu pas qu’Allah est glorifié, par ceux qui sont dans les cieux et sur terre et par les oiseaux toutes ailes déployées ? Chacun sait comment le prier et lui rendre gloire. Allah sait parfaitement ce qu’ils font ». sourate 24, verset 41. Comment Dieu peut comprendre la prière des oiseaux dans leurs langues (langage des oiseaux), et qu’il ne comprend pas celle des hommes ?« Puis nous t’avons révélé suis la religion d’Abraham qui fut monothéiste exclusif et n’était point du nombre des associâtres ». sourate 16, verset 123. Il a repris la même ordonnance dans la sourate 2, verset 130 comme suit : « Qui donc ne voudra pas de la tradition d’Abraham sinon celui qui abêtit son âme ? nous l’avons certes élu en ce bas monde et, dans l’autre, il comptera parmi les vertueux ».
Dieu dit au prophète Mahomet de suivre la trace d’Abraham, pourtant ce dernier n’était pas arabe et il a fait toutes ses prières dans sa langue, mais le créateur nous ordonne de lui suivre. Cela nous montre clairement que suivre quelqu’un, ne signifie pas de suivre sa langue, mais plutôt suivre ses bons actes, le prophète Mahomet a suivi la tradition d’Abraham mais en priant dans sa langue arabe, Nanfo et ses adeptes suivent exactement Mahomet en priant dans leur propre langue.« Ils ont certes réussi, les croyants. Qui dans leurs salât, sont humblement recueillis ». Sourate 23, versets 1 et 2. Comment peut-on avoir la crainte de Dieu dans la salat dans une langue qu’on ne connaît pas ? les versets coraniques récités dans la prière dans une langue que l’on comprend, nous donne la vraie foi plus que dans une autre qu’on ne comprend pas.
« La salat défend de la turpitude et des actes condamnables ». Sourate 29, verset 41. Comment la salat peut défendre quelqu’un des mauvais actes dans une autre langue que tu ne connais pas ? Adorer les idoles dans une autre langue que l’Arabe, est interdit par l’Islam ; pourquoi faire la prière dans une autre langue peut être interdite ? ce qui est claire, il n’ya pas une langue spéciale pour commettre des mauvais actes, il ne devrait pas y avoir une seule langue pour des prières musulmane, sinon le jugement de Dieu serait injuste. Or Dieu est juste et sage.
On dit souvent que le prophète et ses compagnons ont prié en arabe, bien sûr, mais lui et ses compagnons n’ont jamais fait leurs sermons dans une autre langue que l’Arabe, alors faire son sermon en Soussou en Malinké ou en Peul ne serait-il pas en contradiction avec Dieu et son prophète ? les arabophiles diront que non ce n’est pas une contradiction, mais pourquoi la prière en langue nationale est une contradiction ? La prière dans une autre langue, fut légalisée par le premier imam des quatre écoles Sunnite Abou Hanifa et ses élèves, il est né en l’an 70 après l’hégire.
Pour terminer, il n’y a aucun texte coranique et dans la tradition du prophète qui interdit la pratique des cinq prières quotidiennes dans une autre langue que l’Arabe, mais seulement c’est une question d’habitude et non une interdiction divine. Alors, Nanfo Ismaël et ses défenseurs sont dans leur droit et ils ne peuvent être condamnés ni islamiquement, ni juridiquement. Aucune loi en Guinée ne peut les condamner. En somme, la parole de Dieu reste toujours la parole de Dieu quelque soit la langue humaine dans laquelle cette parole est dite ou traduite.
Par Sory Mandenka Kaba (Père de la Révolution)