Ce n’est un secret pour personne, l’un des malheurs de la culture guinéenne, est le manque d’union et d’unité d’action qui handicapent ce secteur. Et pourtant, les acteurs culturels guinéens gagneraient mieux dans l’union que dans la guerre des intérêts.
Depuis sept mois, suite à la crise sanitaire de la Covid-19, le secteur culturel guinéen est en syncope et pire, aucun plan d’urgence pour la relance des activités culturelles n’a été effectif pour un ouf de soulagement comme dans les autres pays.
Dans la nuit du mercredi 22 septembre, un décret présidentiel annonce la reprise des activités dans plusieurs domaines dont celui de la culture. Et bimmm, tout le monde est content.
Une reprise attendue et saluée mais à quel prix?
Plusieurs opérateurs culturels guinéens se frottent la main après cette décision mais, je me demande combien parmi eux mesurent le poids des charges qui les attendent
Un spectacle en Guinée, démarre toujours le plus tôt que possible à partir de 19h. Et cet agenda est une application qui est installée chez chaque organisateur ainsi que chez les spectateurs.
Mais avec le couvre-feu de 00h à 4h qui étrangle les activités culturelles depuis sept mois, il est à se demander à quelle heure prendra fin un spectacle? Au regard des embouteillages créés par un grand rassemblement de personnes, à quelle heure les spectateurs rentreront chez eux?
En plus, il est difficile de nos jours en Guinée d’avoir un sponsor ou un mécène donc, il est rare que les organisateurs respectent le nombre de places réglementaires dans les espaces de production de spectacle. Bon, ceux qui existent avec le slogan “juste pour ne pas mourir”. Il va s’en dire que dorénavant, avec le respect des mesures sanitaires dont la distanciation sociale, au lieu de 2000 places pour la salle de congrès du palais du peuple, le nombre de personne n’atteindra pas 1500 voire même 1000. Ce qui veut revient à affirmer que soit l’organisateur revoit à la hausse le prix du ticket, soit il se retrouve avec un trou financier causé par les pertes causées par le vide.
Sans vouloir remettre en cause le contenu du décret présidentiel, je trouve qu’il aurait été mieux que le Président de la République rencontre la Fédération des opérateurs culturels guinéens, comme il l’a fait avec celles des autres secteurs dont notamment les boulangers.
Oups! En parlant de fédération des acteurs culturels, parlons d’abord d’union.
Même si on ne s’aime pas, cela ne veut pas dire que nous ne devons pas faire front commun pour défendre l’intérêt de l’ensemble. Ah si seulement, et si seulement les opérateurs culturels guinéens pouvaient penser et agir ainsi pour le bonheur de tous.
Certains ont compris les enjeux et ils ont créées des associations afin de parler d’une seule voix. Et pendant ce temps, d’autres jouent à la souris du Ministère en charge de la culture pour torpiller son prochain.
Evoluer à rangs dispersés dans un combat, c’est comme tenir un gobelet percé à plusieurs niveaux sous un robinet et s’attendre à ce qu’il soit rempli.
A plusieurs reprises, des tentatives ds fédérer les acteurs culturels guinéens ont échoué. Et la cause, l’histoire retiendra que le manque de leadership et de vision en sont pour une grande partie. Le reste, la guerre des intérêts et le clanisme gangrènent le milieu et n’épargne aucune génération.
Il est plus que temps de se fédérer afin d’être représentatifs dans les instances de prise de décisions. Sans quoi, gardons le gobelet troué à plusieurs niveaux et accusons l’autre d’être à la base de notre malheur.
Cheick Alpha Ibrahima Camara
NB : les opinions n’engagent pas la rédaction de LolaPlus.