Le président américain a une nouvelle fois été accusé de racisme en s’attaquant violemment samedi à Elijah Cummings, élu démocrate du Maryland.
Donald Trump s’est défendu dimanche 28 juillet des nouvelles accusations de racisme déclenchées par sa diatribe de la veille contre un élu noir et la ville de Baltimore. Une tactique électorale risquée et assumée que ses opposants dénoncent comme une « campagne de haine ».
« Un désordre dégoûtant, infesté de rats et autres rongeurs », un « endroit très dangereux et sale » où « aucun être humain ne voudrait vivre » : le président américain a dépeint samedi en quelques tweets un tableau infâme de Baltimore, ville industrielle majoritairement noire minée par les problèmes sociaux, la drogue et la violence.
Attaques répétées
Ces attaques visaient en premier lieu Elijah Cummings, représentant de l’Etat du Maryland au Congrès, qui avait critiqué la semaine précédente les conditions de détention des mineurs à la frontière avec le Mexique. Comme lorsqu’il avait invité mi-juillet quatre élues démocrates issues de minorités à « retourner » dans leur pays, ce nouveau dérapage a provoqué une volée de réponses indignées au sein de l’opposition, la chef des démocrates à la Chambre des représentants Nancy Pelosi les qualifiant notamment de « racistes ».« Les démocrates jouent toujours la carte du racisme, alors qu’ils ont en réalité fait si peu pour les formidables Afro-Américains de notre pays », a répondu dimanche matin Donald Trump sur Twitter. « Que quelqu’un explique à Nancy Pelosi (…) qu’il n’y a rien de mal à souligner l’évidence : le représentant Elijah Cummings a fait du très mauvais travail pour son district et la ville de Baltimore », a-t-il insisté.
Ses nouveaux propos ont été commentés avec parcimonie au sein de son camp. « Le président a raison de dire que cela n’a absolument rien à voir avec la race », a déclaré dimanche sur la chaîne conservatrice Fox News le directeur de cabinet de la Maison Blanche Mick Mulvaney. L’élu républicain du Texas Will Hurd a confié de son côté sur ABC qu’il n’aurait « pas tweeté de cette façon ». A l’approche de la présidentielle de novembre 2020, Donald Trump semble déterminé à galvaniser sa base électorale, très majoritairement blanche, en alimentant les tensions raciales et idéologiques qui divisent l’Amérique. Ses attaques répétées contre ces parlementaires accusées de « haïr » l’Amérique avaient rapidement trouvé un écho auprès de ses partisans. « Renvoyez-la ! », avait ainsi scandé la foule, lors d’un meeting électoral, à l’évocation de Mme Omar, fille de réfugiés somaliens.
« Campagne de haine »
L’élue démocrate du Michigan Rashida Tlaib l’a accusé dimanche sur CNN de mener une « campagne de haine » destinée selon elle à masquer son absence de propositions pour le pays. Devenue en novembre l’une des deux premières femmes de confession musulmane élues au Congrès, l’Américano-Palestinienne fait partie — avec Alexandria Ocasio-Cortez, Ilhan Omar et Ayanna Pressley — de la « brigade » des quatre violemment visée il y a deux semaines par le milliardaire républicain.
Pour le sénateur Bernie Sanders, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020, cette stratégie est vouée à l’échec :
« Les Américains n’accepteront pas un président essayant de nous diviser selon la couleur de notre peau ou de notre lieu de naissance. » D’après le maire de New York Bill de Blasio, qui espère lui aussi défier Donald Trump dans les urnes l’an prochain, il s’agit avant tout d’une « manœuvre de diversion » pour « détourner les gens de la réalité du pays ».
Barack Obama, assez discret depuis son départ de la Maison Blanche, a modestement contribué au débat en partageant samedi sur Twitter une tribune de 149 membres noirs de son administration qui s’y inquiètent de la rhétorique de M. Trump et de la « montée du racisme »aux Etats-Unis. « Je suis fier de la façon dont ils continuent à se battre pour une Amérique meilleure », a écrit l’ancien président, comme un miroir déformant au célèbre slogan de son successeur, « Make America Great Again » (« Rendre à l’Amérique sa grandeur »).
SOURCE : Le Monde