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Saturday 23 November 2024

À Washington, les millions de pro-Trump étaient quelques milliers

Quand on demande à Keith, un septuagénaire qui arbore une casquette rouge Make America Great Again pourquoi il est là, il répond : « Pour soutenir mon président ! Les élections ont été truquées. Il y a des preuves accablantes de fraudes massives. » Peut-il donner un exemple ? « Des centaines de milliers de gens sont venus assister aux meetings de Donald Trump, il a eu un soutien énorme alors que Biden est resté calfeutré dans sa cave, invisible, et pourtant, il a obtenu plus de voix. Comment est ce possible ? » demande-t-il. Il est « sûr à 100 % » que cette élection va être décidée à la Cour suprême et que Trump va gagner. Mais la manif de soutien à l’actuel locataire de la Maison-Blanche a tout de même un petit air de dernier baroud d’honneur. « Je ne sais pas s’il va gagner, je pense qu’il a une chance, mais on va voir ce qui va se passer. Je ne perds pas encore espoir », déclare Susan Conger, une retraitée coiffée d’un grand chapeau rouge MAGA et d’un masque tricolore, qui est venue de Géorgie en voiture avec sa fille.

Les manifestants ont commencé à se rassembler samedi matin sur la Freedom Plaza, pas très loin de la Maison-Blanche, et ont défilé sous un soleil radieux jusqu’à la Cour suprême en chantant « quatre ans de plus ». Il y a là des trumpistes convaincus, des adeptes des théories du complot, des groupuscules d’extrême droite comme les Proud Boys, une milice en gilets pare-balles, des évangéliques anti-avortement? Très peu portent un masque alors que l’épidémie de Covid-19 repart à la hausse aux États-Unis. En revanche, ils arborent presque tous des casquettes rouges MAGA et de grandes oriflammes bleues avec Trump écrit en lettres géantes dont ils s’enveloppent comme si c’était une cape. L’humeur est moins exubérante que chez les démocrates la semaine dernière lors de l’annonce de la victoire de Joe Biden. « Nous ne sommes pas le Venezuela. Biden ne peut pas s’emparer du pouvoir », clame une pancarte. « Halte au vol » des élections, dit une autre.

« Ça va prendre des semaines, peut-être des mois, mais on ne va pas lâcher le président »

À la tribune se relaient Alex Jones, le fondateur d’Infowars, un site de théories du complot, Marjorie Taylor Greene, qui vient d’être élue représentante de Géorgie et s’est rendue célèbre pour son soutien à QAnon, Amy Kremer, une ex-égérie du mouvement du Tea Party? Ils reprennent les accusations de Donald Trump selon lesquelles les démocrates ont monté une machination pour truquer le scrutin et assurent que les preuves de fraude vont émerger. « Ça va prendre des semaines, peut-être des mois, mais on ne va pas lâcher le président », clame Alex Jones.

La porte-parole de la Maison-Blanche, jamais à court d’exagérations a tweeté : « Incroyable ! Plus d’un million de manifestants pour le président. »

Ils sont loin d’être un million, mais ils sont tout de même plusieurs milliers, ce qui a de quoi ravir les différents groupes d’organisateurs, car la manif a été annoncée seulement en début de semaine. La foule est venue de tout le pays : de Pennsylvanie, du Minnesota, de l’Ohio? Un couple a conduit 15 heures de l’Iowa, un groupe en tenue de camouflage a roulé pendant deux jours depuis San Diego en Californie? Et ça en valait la peine. Vers 10 heures, pour leur plus grand bonheur, le président a fait un petit tour en voiture en agitant la main, une manière de donner sa bénédiction à l’événement avant de partir faire son parcours de golf.

Jeff et Nilaree Manning ont pris l’avion du Missouri. « On devait venir manifester, car la fraude est tellement flagrante ! » s’enflamme cet ancien militaire, père de six enfants et patron d’une PME dans le bâtiment. « Si les démocrates peuvent traficoter le résultat des élections, c’est la fin du pays. Il y aura la guerre civile si Trump perd. » Sa femme ajoute : « La première chose que Joe Biden a déclarée dans son discours, c’est qu’il allait nous prendre nos armes. » À quel discours fait-elle allusion ? On ne le saura pas. « Les démocrates comptent sur le fait qu’on s’écrase, mais on ne va pas se laisser faire », renchérit un grand blond en salopette qui a conduit depuis le Tennessee. Et si Biden devient président, que va-t-il faire ? Il sourit et refuse de répondre. Dans l’ensemble, pourtant, beaucoup de pro-Trump comme Danny, un grand type au stetson taillé dans un drapeau américain, disent qu’ils accepteront la victoire du démocrate. « S’il l’emporte, je vais commencer par prier pour sa réussite, et puis je vais attendre les prochaines élections. »

La manifestation s’est déroulée à peu près dans le calme et les contre-manifestants sont longtemps restés assez discrets. Mais dans la soirée, la tension est montée d’un cran et des incidents ont éclaté dans le centre. Des contre-manifestants ont brûlé des drapeaux américains et des casquettes Trump, et des échauffourées ont opposé les deux camps. Plus d’une vingtaine de personnes ont été arrêtées. Donald Trump pendant ce temps a tweeté : « La racaille gauchiste Antifa a été facilement repoussée par la grande foule de la manif MAGA mais est revenue la nuit pour attaquer des personnes âgées et des familles. » Le bras de fer continue.

SOURCE : LEPOINT.FR

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