Que nul ne soit épargné, mais que la justice juste soit appliquée au grand bonheur du peuple guinéen. Le régime du Colonel Mamadi Doumbouya en commençant véritablement la lutte implacable contre la corruption réalise l’un des vœux les plus ardents du peuple guinéen, celui de poursuivre et de punir tous ceux qui ont pillé les ressources financières du pays. Dans ce combat, qu’il soit dit en passant, s’il est sincère, colonel Mamadi Doumbouya aura non seulement le soutien sans faille du peuple, mais aussi et surtout il écrira une nouvelle page de l’histoire récente de notre pays. Le combat est très noble, mais il ne manque pas de susciter également des réactions les unes positives les autres négatives. En effet, si beaucoup de guinéens apprécient ce réveil, même s’il est tardif, de la justice pour traquer les délinquants financiers sans exception qui ont spolié nos ressources, la subite réaction de la justice ne manque pas non plus de susciter beaucoup d’interrogations tant sur son but que sur son efficacité. En effet, alors même que la lutte contre la corruption occupe une place de choix dans les objectifs, voir le programme de la transition, force est tout de même de constater que de nombreux citoyens redoutent un stratagème pour faire taire certains opposants ou encore pour se refaire une nouvelle popularité afin de prolonger la transition.
La justice va-t-elle se blanchir de ce préjugé en rendant la justice de façon équitable et au nom du peuple?
Si les présumés coupables qui ont été mis sous mandat de dépôt ont eu, à un moment donné, à gérer les deniers publics, donc ils doivent impérativement rendre compte de leur gestion, force est de constater que c’est la justice guinéenne qui n’inspire pas confiance. Elle est taxée de justice instrumentalisée et aux ordres du prince régnant. Sinon il ne fait l’ombre d’aucun doute que la corruption a été érigée en système de gestion dans le pays sous le régime du professeur Alpha Condé et ceux qui sont interpellés doivent rendre compte de leur gestion. Fort de ce constat, la justice doit faire sa mue en essayant de se blanchir de ce préjugé pour rendre la justice de façon équitable et au nom du peuple. C’est à ce prix qu’elle devient l’espoir des pauvres et de plus démunis.
Il n’y aurait-il pas deux poids deux mesures ? Que faut-il faire pour soustraire la justice des griffes de l’exécutif pour être totalement indépendante ?
Une autre question non moins légitime taraude les esprits, celle relative à une justice à deux vitesses, celle des vainqueurs sur les vaincus. Donc pour éviter tout soupçon, nul ne doit être épargné qu’on soit ancien dignitaire ou actuel membre d’un des organes de la transition, le glaive de la justice doit s’abattre sur tous les délinquants financiers. Il nous a été donné de constater qu’un membre du gouvernement de la Transition incriminé dans une affaire de détournement des deniers publics échappe encore à la justice. Quid de certains ministres en fonction qui ont des dossiers sulfureux de la CRIEF ? Nul ne doit échapper à la justice, en tout cas il y va de la crédibilité de l’institution judiciaire. A la question de savoir que faut-il faire pour soustraire la justice des griffes de l’exécutif pour qu’elle soit totalement indépendante ? La réponse est qu’il faut tout d’abord des hommes et de femmes intègres et désintéressés au sein de la justice. Ensuite qu’il y ait cette volonté politique affichée de la part des dirigeants, et cela n’est possible qu’à travers des réformes, pas celles qui concentrent entre les mains d’un Président de la Transition tous les pouvoirs, mais plutôt qui consacrent véritablement la séparation des pouvoirs. Pour rappel les constitutions sous nos tropiques font d’un Président de la République un demi-dieu. A titre d’exemple, le Président de la République est non seulement le chef de l’exécutif, ensuite il est le Président du Conseil supérieur de la magistrature, le chef suprême des armées, c’est encore lui qui a le monopole du parlement avec une majorité conquise après les urnes, il est enfin celui qui fait et défait toutes les autres institutions. En somme, une justice équitable, désintéressée, droite, intègre serait gage de stabilité, de confiance entre gouvernants et gouvernés.
Billy KEITA, citoyen libre