Dans sa tournée dans les QG des alliances politiques et de la société civile, le PM et sa suite laissent entendre que la Guinée veut organiser une conférence nationale, alors que le pays n’a pas connu une guerre à l’image de la Cote d’Ivoire, du Libéria.
En ce qui concerne notre pays et dans le contexte de cette transition, il est important de préciser que nous avons besoin que soit construit de manière consensuelle un cadre juridique, politique et réglementaire où les questions politiques et techniques seront discutées pour aboutir à un accord autour des sujets tel que la constitution, le code électoral, l’organe de gestion des élections (OGE), le fichier électoral, l’opérateur technique et le matériel électoral.
Aujourd’hui le cadre de dialogue dont on parle ici c’est de réunir les acteurs politiques, la société civile, le G5, le CNRD, les partenaires techniques et financiers, tout en mettant le facilitateur de la CEDEAO comme coordinateur de ce dialogue. Mais pas les jeunes, les femmes ou les coordinations nationales. Ici nous avons besoin de techniciens en la matière pour ne parler que des sujets liés à la conduite techniques ,organisationnelle nécessaires à la tenue du référendum et des élections locales et nationales pour un retour à l’ordre constitutionnel.
Par ailleurs nous avons une constitution de 2010 qui est largement consensuel au sein de la classe politique et de la société civile. Elle assure la séparation et l’équilibre des pouvoirs et verrouille systématiquement les dispositions portant sur la durée et le nombre de mandats présidentiels. Cette constitution peut être amandée s’il y a lieu avant d’être adopté par le Conseil National de la Transition (CNT).Ce dialogue se penchera sur le code électoral en vue d’accoucher d’un projet largement consensuel élaboré avec l’aide et l’assistance technique du NDI. On peut également réviser l’ancien code qui a servi à l’organisation des élections antérieures en Guinée. Quelque soit l’option choisie on pourrait disposer d’un code électoral dans un délai n’excédant pas un mois.Une autre question importante sera de nous mettre d’accord sur l’organe de gestion des élections (OGE). Pour cela une CENI existe déjà et qui a été mise en place par une loi organique en 2018 ; surtout que les partenaires techniques et financiers sont disposés à mettre à la disposition de la Guinée l’assistance technique nécessaire.A la poursuite des discussions autour de la table, il sera question du fichier électoral. Pour moi ce fichier a été assaini en 2020 sous la supervision de l’OIF et de la CEDEAO, ce qui fait qu’il n’a besoin que d’une révision qui ne prendrait pas plus de quatre (4) mois et demi. Pour gagner en temps nous pouvons renouveler le contrat de l’Innovatrics qui a assisté la CENI lors de la préparation et l’organisation des trois scrutins qui ont eu lieu en 2020. Nous ferons l’inventaire du matériel existant et déterminer le besoin à combler dans une perspective de modernisation (digitalisation).
En fin ce cadre de dialogue doit avoir comme ordre du jour les sujets cités plus haut, mais surtout le contenu et la durée de la transition. La junte considère comme indispensables pour aller aux élections les dix actions alors que si l’Etat est une continuité,la junte peut bel et bien commencer ces dix actions et laisser au président démocratiquement élu le soin de les achever. Dans ces dix actions il y en a deux que les partis politique et les coalitions rejettent catégoriquement. Il s’agit du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) et le recensement administratif à vocation d’état civil, deux opérations que la junte considère comme indispensables à l’établissement du fichier électoral.
Je pense pour ma part que ces deux opérations sont lourdes et financièrement et techniquement couteuses et ne peuvent par conséquent être réalisées en 2 ou 3 ans.Pourquoi encore accepterait-on de se leurrer en validant une durée de la transition de deux ans avec la CEDEAO sans les acteurs politiques et sociaux comme c’est prévu dans l’article 77 de la charte de la transition ? Ensuite, pourquoi faire du RGPH et du RAVEC des conditions préalables à la tenue des scrutins alors qu’on sait pertinemment qu’il est pratiquement impossible de passer par là ? Tout ça ne fait qu’alimenter le doute, d’autant plus qu’il y a pratiquement 1ans et 2 mois qu’il n’y a aucun acte allant dans le sens du retour à l’ordre constitutionnel.
Aujourd’hui le CNRD compte réunir tout le monde comme si nous étions dans un Mamaya en lieu et place d’un cadre de dialogue structuré et sincère. Je pense qu’à date, il est clair pour tout le monde que la junte veut rester aussi longtemps que possible aux affaires alors que cela mène le pays à des troubles et des soubresauts.
Diabaty Doré, Président du RPR et Vice-président de l’ANAD