« Eux qui auraient dû être la solution, ils ne l’étaient en rien. C’était plutôt eux le problème, à la lumière de la vérité ». L’écrivain guinéen Tierno Monénembo est connu pour sortir d’excellentes assertions qui deviennent après des mélodies régulières dans les mémoires des personnes qui l’ont lu.
Mais cette affirmation est, de loin, la plus célèbre qu’il ait durant ses 76 ans d’existence. Originaire de Porédaka, à 52 kilomètres de Mamou, Tierno Saidou Diallo, de son vrai nom, est né le 21 juillet 1947 dans le Fouta Djallon, la terre de la communauté Peule.
Il a grandi à l’époque coloniale avant de connaître la période de Sékou Touré pour qui il n’a jamais manifesté une quelconque tendresse. « Il ne passe pas, ce passé-là. Le camp Boiro est dans la tête et la chair de tout Guinéen. Sékou Touré a tué dans toutes les familles du pays. Mais en Afrique, les historiens ne font pas leur travail, ils passent leur temps à polémiquer avec les Blancs sur des sujets sans intérêt. Ce sont des menteurs et des démagogues qui ne s’intéressent pas à l’histoire de l’Indépendance », a lâché un jour cet homme qui fête aujourd’hui le jour de sa naissance sur Sékou Touré et le mutisme des historiens sur les choses qui doivent urgemment être révélées.
Monénembo garde de sinistres souvenirs du règne du premier président guinéen, comme il aime bien à le rappeler. Il a fui la Guinée au plus fort du régime de Sékou Touré pour échapper à la dictature oppressante du président guinéen, tout comme certains de ses confrères comme Alioum Fantouré, Camara Laye… « Je suis le fruit d’une dictature », a-t-il dit, à la sortie de son ouvrage « Saharien indigo ».
Tierno a vécu au Sénégal, en Côte d’Ivoire, ensuite en France où il a étudié la biochimie à l’université. Comme Camara Laye, il faisait des petits boulots au quotidien pour payer ses études en France. Il a été assistant en France en 1979 dans la faculté de Médecine à Saint Etienne, avant d’aller enseigner en Algérie, puis au Maroc. Mais malgré toutes ces années passées hors de la Guinée, l’écrivain guinéen n’a jamais oublié sa terre natale. « Si j’avais quitté la Guinée ; la Guinée, elle, ne m’avait jamais quitté… »
Tierno Monénembo est auteur de plusieurs livres faisant de lui l’un des plus grands écrivains africains. Il est auteur de :
-Les crapauds brousses ;
-Les écailles du ciel ;
-Un rêve utile ;
-Un attieké pour Elgass ;
-Pelourinho ;
-Cinéma ;
-L’aîné des orphelins ;
-Peuls
-La tribu des gonzesses ;
-Le roi du Kahel ;
-Le terroriste noir ;
-Les coqs cubains chantent à minuit ;
-Bled
-Saharienne indigo ;
Ce qui est remarquable avec cet écrivain, c’est son humilité. Malgré son intellectualisme et tout son génie, Monénembo est un homme qui n’a jamais aspiré à être sous les projecteurs. De nos jours, il demeure dans l’ombre dans un monde où une personne de son genre est extrêmement sollicitée et célébrée. Lui, il préfère vivre modestement. Il a plusieurs récompenses littéraires à savoir :
_Grand prix littéraire d’Afrique noire pour son œuvre : les écailles du ciel ;
_ Prix Renaudot pour son œuvre : Le roi du Kahel ;
_ Prix Erckmann-chatrian et Grand prix du roman métis pour son œuvre : Le terroriste noir ;
_ Grand prix Palatine et prix Ahmadou Kourouma pour son œuvre : Le terroriste noir ;
_ Grand prix de la francophonie pour l’ensemble de son œuvre ;
_ Prix Moussa Konaté pour son œuvre : Saharien indigo ;
À rappeler que ce grand homme garde toujours sa plume en éveil puisque ces derniers temps, il ne cesse de taper sur le régime guinéen en place : « Bien sûr que l’espoir se volatilise et pas de manière progressive. Tout cela est arrivé très vite. Il ne reste rien de la confiance que le peuple de Guinée avait placée en Doumbouya le 05 Septembre 2021. Aujourd’hui, tout le monde regrette Alpha Condé, sauf moi. Je sais que cela a une explication : le cercle infernal du désespoir. On regrette le pire d’hier parce qu’il est meilleur que le meilleur d’aujourd’hui. Doumbouya fait regretter Alpha Condé, comme hier, Alpha Condé a fait regretter Sékouba Konaté, qui a fait regretter Dadis Camara, qui a fait regretter Lansana Conté, qui a fait regretter Sékou Touré, qui a fait regretter le colonisateur… ».
La Guinée est bien chanceuse d’avoir un intellectuel de ce genre, l’Afrique doit être heureuse d’avoir un écrivain aussi excellent et le monde doit tout simplement prier pour qu’il continue encore et encore à sortir des œuvres.
Source : guineematin
Au lieu de s’attaquer aux historiens, qu’a fait monenembo lui-même pour qualifier l’enseignement de la biochimie en Guinée ?